Bonjour et bienvenue dans l'article de la semaine,
Aujourd’hui, je vais vous parler un petit peu de moi, de mon entrée dans la maternité et de pourquoi je suis devenue accompagnatrice parentale...
Maman depuis 4 ans d’un magnifique « bébé covid » comme on les appelait, mon fils est né pendant la période du confinement. Avec ses hauts et ses bas, ses avantages et ses inconvénients, cette période a marqué l’histoire et la Maternité avec un grand M, qui a dû se réinventer au pied du mur...
Je me souviens de ce coup de fil : « Tous vos rendez-vous de suivi sont annulés, nous maintenons uniquement les échographies morphologiques. » Cet appel fait resurgir les pires moments de ma grossesse. Moi, future petite maman sans expérience, la maternité mettait déjà un si gros obstacle sur mon chemin... j’allais devoir « me faire confiance » là où nous sommes toutes surmédicalisées. Je n’y connaissais rien et j’allais devoir me débrouiller.
Aller aux urgences et prendre le risque d’attraper cette saloperie et d’être séparée de mon bébé quand il viendrait au monde, ou rester chez moi et espérer que tout se passe bien quand j’avais un doute. C'était l'épée Damoclès au dessus de la tête de toutes les futures mamans.
Le temps passe et deux mois après cette annonce, j'allais enfin pouvoir revoir mon bébé. J’étais si contente de pouvoir à nouveau entendre les battements de son cœur, même si cette fois, je serai seule… Le covid emportant avec lui les désirs des papas d’être présents pour le suivi de leur femme et de leur bébé.
Alors, seule face à l’échographe, ne pouvant ni parler ni poser des questions parce que "nous étions trop proche" à son goût. J'étais couchée sur cette table d’examen à tenter de lire ce que je voyais sur l’écran : deviner ses petits pieds, son petit nez, ses petites mains… Je ne m'attendais pas et je n'étais pas préparée à l'annonce qu'elle allait me faire.
Mon monde s’écroule : « Mais vous avez fissuré, non madame ? Vous n’avez pas remarqué de liquide en quantité anormale ? » Mais qu’est-ce que j’en savais… franchement ? Je n’en savais strictement rien.
« Je téléphone au bloc d’accouchement, vous pouvez vous rendre à la maternité à l’autre bout du couloir. » Je prends mes affaires et j’avance dans ce couloir complètement désert vers ce service que je n'avais pas encore rencontré : La maternité. Je me demande si je dois avertir le papa ou ne pas l’inquiéter.
Après un bref questionnaire (qui deviendrait le quotidien avant chaque début de consultation)... je suis placée dans l’unité covid parce que : j'avais le nez bouché et qu'elle ne voulait prendre aucun risque... Je subis alors une auscultation vaginale et un test pour vérifier si du liquide amniotique est bien présent par un personnel que je n'avais encore jamais rencontré en tenue stérile de la tête aux pieds.
Dans une chambre, sans que l'on m'explique vraiment quoi que ce soit : ce qu'il se passera si j'ai bien fissuré ou même si je resterai écartée dans cette unité covid si ils décident de m'hospitaliser...
Je n’avais pas fissuré, en fait j’avais un oligoamnios et personne ne m’en a donné la cause ou ne m'a même expliqué pourquoi, comment ou qu'est-ce que cela signifiait concrètement. Ce que j’apprendrais aussi ce jour-là, à 32 SA, c’est que Basile "aurait déjà du se tourner", qu'il n’aurait plus assez de liquide pour se retourner désormais et qu'une césarienne me serait programmée.
Après deux mois d’attente où je pensais que tout se passait bien au creux de moi, c'est la chute libre : Je me retrouve au milieu de cette pandémie dans une unité à part, j’apprends que mon fils ne se retournerait pas, je suis ausculté sans coeur ni compassion par des inconnus aux visages presque imperceptibles et ma césarienne est programmée à 38 SA + 2 si mon fils tient jusque-là.
J’étais à 32 SA et je fais le deuil du rêve d’un accouchement physiologique.
Sans mon compagnon, sans aucune bienveillance, sans avoir le choix… J’allais subir la suite de cette grossesse en espérant pouvoir tenir assez longtemps pour que mon enfant naisse à terme. Tout ça avec le covid qui nous pendait au-dessus de la tête et tous les stress que cette terreur médiatisée engendrait pour nous mais aussi les traces indélébiles que les décharges de cortisol allaient laisser sur nos bébés.
La perte de ma grand-mère maternelle viendra mettre le point final à ces longues semaines de monitoring et d’échographies morphologiques auprès du spécialiste du service tous les vendredis, après être ausculté en première partie par une nouvelle gynécologue inconnue à qui je devais tout réexpliquer et auxquelles je ne savais répondre aux questions.
J’étais devenue un robot : raconter, subir et attendre leurs décisions.
Il devait arriver le 10/06/2020 mais on ne lui laissera pas le luxe de choisir son moment. À 38 SA + 2, date butoir, alors que Basile ne montrait aucun signe de souffrance, la césarienne est programmée : Je deviens mère le 29/05/2020 à 12h03 d'un petit garçon de 47 cm et 3kg058.
Je le rencontre, mon fils, après plus d’une heure à attendre dans le couloir froid de l’hôpital avec son papa et les va-et-vient qui ne nous adressent même pas un regard. Je suis emportée pour un dernier examen et la pose de la rachianesthésie. Je suis paralysée par la peur mais l’anesthésiste et la sage-femme sont là pour moi. Quatre internes, un gynécologue, le chef du bloc d’accouchement, l’anesthésiste et sa stagiaire, et deux sages-femmes. Tant de regards posés sur moi que je n’avais jamais vus auparavant et puis… son papa qui vient enfin se placer à côté de moi. Sans savoir ce qui nous attend vraiment, sans mot pour lui et pour le préparer, nous préparer à ce qu'il allait voir et ce que nous allions vivre...
La seule aventure de ma vie où je me suis sentie objet. J’étais cette mère parmi tant d’autres qui portent la vie et pour qui les émotions importent peu tant qu’elle met au monde ce bébé en pleine santé (et dieu merci).
Alors, pourquoi je suis devenue accompagnatrice parentale ? Pour tout ça...
Aujourd’hui je vous livre un petit peu de moi, parce que devenir mère m’a changée viscéralement mais le manque d’accompagnement m’a montré la voie. Sans accompagnement, sans rendez-vous, sans être rassurée, sans préparation à l’accouchement et à l’allaitement, sans réponse à mes questions, sans sentiment de sécurité, sans groupe de soutien, sans…
La venue de mon fils a été la plus belle chose qui me soit arrivée et les circonstances de cette grossesse m’ont marquée à jamais et m’ont mise sur la route d’autres mamans qui ont besoin de ce précieux soutien.
Pour moi, rien arrive pas hasard, tout est écrit et c’est exactement ici que je devais être.
Merci, mon fils, de m’avoir montré le chemin et merci la vie que tout se soit bien passé… Pas sans peine, pas sans douleur, pas sans peur, pas sans difficultés, mais c’est grâce à ça que je sais pourquoi Dodouceur est né.
A bientôt ☁️...
Dodouceur